Bon, c’était un débat !

Posted by Laura Bokobza on 3 Mai 2012 · Un commentaire 

Aujourd’hui, tout le monde ne parlait que de ça. Ou presque. Quitter le bureau à temps pour le débat.

Ça ne se rate pas un débat. Parce que si on le rate, on risque de rater les petites phrases qui font l’Histoire. Le monopole du coeur, l’homme du passif, tout ça. Et on n’a pas l’air bête, à la machine à café.

Certes, quand on est fan de West Wing comme moi, on ne s’attend pas non plus à des étincelles. D’abord parce qu’ils disent ne pas s’être préparés, les candidats. Comment cela ? Aucun respect pour l’adversaire ou les Français, alors ? Aux US, ils préparent des semaines entières, ils répètent plus leurs Q&A’s qu’un porte-parole d’entreprise en faillite, ils peaufinent les phrases chocs, bref, ils respectent l’exercice. Nos candidats, non. Ou alors ils pensent que dire qu’ils ont bossé, ça fait polard. On n’apprécie pas trop les bosseurs, en France. On préfère de façon générale ceux qui ont de la chance ou du talent, pas les gros bosseurs. Un gagnant du Loto, par exemple. On peut pas dire qu’il a beaucoup bossé, le gagnant du Loto.

Bon, le plateau du débat, il est neutre, c’est le moins qu’on puisse dire. Pas de couleur tendancieuse, on est dans le noir et l’image de fond en presque doré, entre jaune et ocre brillant, pas mal. Et on voit bien les temps de parole. Il ne s’agirait pas de déborder de l’égalité des temps de parole. Pour avoir vécu une élection aux US (une vraie, hein, pas que les 2 de West Wing), je ne comprends pas cette obsession de la seconde égalitaire. Mais bon, elle existe, elle est donc respectée.

Ça démarre calmement. Avec des voix posées, fermes, mais pas hautes en couleurs. Et qui occupent le terrain alors que le premier thème n’est pas encore abordé… Ben oui, ils attendaient quoi, Laurence Ferrari et David Pujadas, quand ils ont posé la question sur ce qu’ils attendaient du débat ? Qu’ils ne rentrent pas dans le vif du sujet ? Ça fait pas 3 minutes qu’ils ont déjà réussi de chaque côté à placer les premières piques. Et on essaie de nous faire croire qu’ils n’ont pas bossé…

Puis ça part sur la croissance, le chômage, et là, c’est grandiose. Bataille de chiffres, petites phrases assassines (« Monsieur Sarkozy, vous aurez du mal à passer pour une victime »), re-bataille de chiffres, le ton commence à monter à la télé, sur Twitter aussi, bref, on est dans le vif du sujet. Et ça commence à être presqu’intéressant. Je dis presque, parce que finalement, ils ne vont rien annoncer de nouveau. Et entre eux, ils n’ont même pas de beaux graphes comme François Lenglet. Ni même d’aussi jolies cravates. Avec des noeuds mal faits, en plus. Mais bon, au moins, il y a des bons moments, comme les Zipads. Les Zipads, ça va rester après le débat je pense. Les Zipads, c’est exactement pour cela que je regarde le débat. Pour ne pas avoir l’air bête à la machine à café demain.

N’empêche que Sarkozy joue à plein la carte de la contradiction. Et Cher-et-Tendre, qu’on ne peut pas accuser de favoritisme, vu qu’il ne vote pas, trouve que le président-candidat sonne vrai. Et puis après à peu près 45 secondes ça retombe dans la bataille de chiffres. Et sur l’Allemagne. Ils parlent beaucoup de l’Allemagne. Et de chiffres. Des chiffres de l’Allemagne, aussi, parfois. Sans graphes. On avait perdu l’habitude.

Bon, heureusement, il y a Twitter. Une émission de télé-réalité en live-tweet, déjà, c’est fun, mais un débat d’élection présidentielle, c’est carrément top. D’ailleurs, je suis sure que Pujadas et Ferrari, ils s’empêchent de rire en lisant les tweets. Parce qu’on ne me fera pas croire qu’ils ne lisent pas Twitter. Ils n’ont pas grand chose d’autre à faire. C’est même limite honteux qu’ils soient payés, ce soir. Parce qu’en plus, quand ils parlent, c’est soit pour dire la même chose en même temps, soit pour dire des énormités, comme l’avance sur le temps de parole qui était en fait… un retard. Petite, l’erreur, petite…

Cher-et-Tendre, qui ne lit pas Twitter en même temps qu’il regarde le débat, normal, il mange, il s’inquiète. Ils ont bien des notes quand même ? Avec tous ces chiffres ? Oui chéri, je pense. J’espère. Parce que déjà, avec des notes, ils arrivent à se tromper / se méprendre / mentir de façon éhontée au choix, alors sans notes…

N’empêche qu’avant même de parler du pacte de stabilité, on est déjà noyés dans les chiffres. Qui sonnent tous faux. Mais alors, tous. À part peut-être le seul chiffre non cité par les candidats, le nombre de tweets sur le débat, justement. Plus de 100 000 avant la fin de la première heure. Les tweetos sont engagés. C’est pas forcément représentatif de la France… Mais ça permet de se distraire pendant les chiffres. Qui sont encore plus lourds sur les euro-bons que sur le chômage. C’est dire.

Et alors, sur l’Europe, hormis les chiffres, ça balance. Ça balance. Mais on s’ennuie quand même ferme. Au point que je vérifie le score du PSG en passant. Dont je me fous royalement, d’ailleurs, mais ça fait plaisir à Cher-et-Tendre. Enfin, ça lui aurait fait plus plaisir si le score avait été inversé, mais ça le touche que j’y pense, quand même.

Mais au plus fort du débat sur l’immigration, même Cher-et-Tendre, qui se passionne par la politique française, vu que en Belgique ils ont du mal à avoir un gouvernement, il s’endort. Et je vais pas tarder à y aller, parce que Bébé il s’est endormi à la même heure que d’habitude, lui. Donc il va se réveiller à peu près à la même heure aussi. Et de toutes façons y’a travail (oui, je sais, ça sonne moins bien que y’a école, mais y’a plus école depuis un bail, on va pas compter, hein !). Donc j’abdique. Je ne commenterai pas la fin du débat.

Mais j’ai pas l’impression que je vais rater grand-chose.

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